La Maison Blanche a annoncé la décision du président Obama d’exclure la République démocratique du Congo (RDC) de la liste des pays bénéficiaires de l’AGOA (African Growth and Opportunity Act) à l’occasion de sa révision annuelle, privant ainsi la RDC d’un statut de partenariat commercial privilégié avec les États-Unis.
« J’ai déterminé que la RDC n’effectuait pas les progrès nécessaires pour répondre aux critères » de l’AGOA, a indiqué Barack Obama. « J’ai donc décidé de mettre fin à la désignation de la RDC comme pays bénéficiaire » de ce dispositif, a-t-il ajouté.
« Les forces de sécurité de la RDC et d’autres groupes armés continuent de commettre des violations des droits de l’Homme à grande échelle, en particulier des viols » dans l’Est de la RDC. Alléguant que le gouvernement congolais « n’a pas réagi aux demandes des Etats-Unis et de la communauté internationale pour remédier à cette situation », a-t-il souligné.
Les avancées démocratiques de Kinshasa sont insuffisantes pour Washington.
L’année précédente, l’administration Obama qui semble ainsi déterminée à montrer que le respect des droits de l’homme est un critère essentiel de la coopération américaine, avait déjà sanctionné Madagascar, la Guinée et le Niger en les retirant de cette liste, tout en réintégrant la Mauritanie.
Membre de l’AGOA depuis 2005, la RDC a, grâce à sa présence dans ce programme, pu bénéficier sur le marché américain, des droits de douane préférentiels dans le commerce de ses produits, notamment ceux issus de l’agriculture. Les Américains ont également pu profiter avec des pays comme la RDC, d’une nouvelle source d’approvisionnement de matières premières comme le pétrole.
L’AGOA a en fait surtout profité aux pays pétroliers, les échanges commerciaux entre les deux parties étant essentiellement dominés par les hydrocarbures.
A Kinshasa, le gouvernement a vivement réagi à la perte par la RDC du statut de partenaire commercial privilégié des Etats-Unis.
« Le gouvernement de la RDC prend acte de cette mesure (...) mais (la) considère comme totalement injustifiée. Ce qui est dit comme justification de cette mesure est totalement faux. Les forces armées (de la RDC) ne sont pas à mettre sur le même pied d’égalité que les groupes armés qu’elles combattent. Même lorsque nos garçons commettent des actes répréhensibles, ils sont poursuivis et condamnés », a expliqué dans un point de presse le ministre de la Communication et des Médias, Lambert Mende, porte-parole du gouvernement.
Toutefois, a rassuré le porte-parole de l’Ambassade américaine à Kinshasa, M. Sardar, son pays n’entend pas, à travers la décision de cette évaluation, lâcher le gouvernement de la RDC.
«Les Etats-Unis continueront de travailler étroitement avec les autorités congolaises afin d’appuyer les efforts visant à améliorer les conditions des droits de l’homme. Cette décision n’affecte pas les relations solides et positives entre la RDC et les Etats-Unis», a-t-il notamment précisé.
Sur le plan économique cependant, a-t-il laissé entendre, cette décision ne manquerait pas d’impact, lorsqu’il faut considérer que pour l’année 2009, les exportations de la RDC vers les Etats-Unis ont renfloué le trésor public congolais à hauteur de 300 millions de dollars américains.
Ces exportations sans frais de douane et impôts avaient porté sur les minerais, les produits pétroliers, les produits agricoles et quelques produits finis.
Mais encore, une nouvelle affaire a commencé à faire des vagues en RDC, toujours à l’est. Robert Shemahamba, journaliste de la radio privée Mitumba, émettant à Uvira, dans la province du Sud-Kivu (est), est détenu depuis vendredi par les services de renseignements. Son crime ? Avoir animé une émission intitulée Franc parler portant sur le dernier discours du président congolais, Joseph Kabila...
Le week-end dernier, des manifestations ont été organisées dans le territoire d’Uvira pour demander la libération de Robert Shemahamba. Les manifestants ont été brutalement dispersés par les forces de police.
Le mauvais bilan de la République démocratique du Congo en matière des droits de l’homme serait à l’origine de cette mesure qui prendra effet dès le 1er janvier 2011.
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